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Le
Monde Paris, November 20, 2001 Le
mystère enfin levé de la
première chambre à gaz
d'Auschwitz-Birkenau On a retrouvé le Bunker 1, la
première chambre à gaz du
camp de Birkenau, près d'Auschwitz.
Derrière un bois de bouleaux, en
dehors du périmètre actuel
du camp devenu patrimoine mondial de
l'Unesco, la maison d'une famille de
paysans polonais d'Oswiecim avait
été
réquisitionnée par les nazis
en mars 1942 et aménagée en
chambre à gaz. Elle a
fonctionné jusqu'en avril 1943,
date à laquelle ont
été construits les quatre
"complexes de la mort" (chambre à
gaz et crématoire), dont on peut
voir aujourd'hui les restes. L'emplacement
du premier bunker restait inconnu. C'est
pourtant en ce lieu que de nombreux juifs
français, en particulier ceux de la
rafle du Vel' d'Hiv' du 17 juillet 1942,
ont été gazés. On doit cette découverte
à l'opiniâtreté d'un
historien italien, Marcello
Pezzetti, quarante-huit ans, directeur
du centre de documentation juive de Milan,
et d'un médecin juif
français, Richard Prasquier,
cinquante-six ans, né à
Gdansk, arrivé de Pologne à
Paris à l'âge d'un an, devenu
président du Comité
français pour Yad Vashem. Depuis
dix ans, Marcello Pezzetti menait à
Auschwitz ses recherches pour retrouver le
Bunker 1. Quant à Richard
Prasquier, après deux années
de tractations, il a contribué,
avec ses deniers personnels et l'aide de
la direction du Musée d'Auschwitz,
au rachat de la maison et au relogement de
la famille polonaise qui s'était
réinstallée dans son ancien
domicile et a vécu cinquante ans
dans une ancienne chambre à gaz,
entourée de fosses communes. Marcello Pezzetti a interrogé de
nombreux témoins,
épluché des plans et des
cadastres, compulsé les archives du
tribunal de Cracovie où des
officiers nazis et des juifs, dans leurs
dépositions, avaient
évoqué l'existence de ce
premier bunker. C'est en 1995 que
l'historien rencontre, par miracle,
Schlomo et Abraham Dragon,
deux frères survivants des
Sonderkommandos de Birkenau,
émigrés en Israël, qui
avaient effectué dans cette maison
leur tragique besogne. Des recoupements,
obtenus au cadastre d'Oswiecim, lui
permettent de s'assurer de la localisation
du Bunker 1 et de s'apercevoir que les
autorités polonaises avaient tenu
secret l'emplacement pour éviter le
conflit avec les habitants. Grâce
à Stefan Wilkanowicz,
intellectuel catholique proche de Jean
Paul II qui, dans le conflit du carmel
d'Auschwitz, avait déjà
joué les "M. Bons Offices", et au
Père Patrick Desbois,
secrétaire du comité
épiscopal français pour les
relations avec le judaïsme, la
transaction pouvait alors se faire et les
discussions s'ouvrir sur l'avenir de ce
lieu de mémoire. Après les polémiques sur
le carmel, sur l'ouverture d'un
supermarché et d'une
discothèque (fermés à
la suite de protestations
internationales), Marcello Pezzetti,
Richard Prasquier et le Père
Desbois n'ignorent pas que le camp
"pourrit" la vie des habitants actuels
d'Oswiecim. Mais ils refusent que ce lieu
du plus grand crime de l'histoire ne fasse
pas l'objet d'un élémentaire
respect. Le docteur Prasquier
n'était jamais retourné,
avant 1993, dans son pays natal. Les
relations avec la Pologne restent, pour
lui, douloureuses. "Mais il est
nécessaire, confie-t-il, d'y aider
à la rencontre des bonnes
volontés, précisément
parce qu'elles s'expriment dans un
environnement difficile." Henri Tincq Related
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