En arrivant, les Soviétiques trouvèrent les
restes de constructions inédites dans l'histoire
de l'humanité: des crématoires dotés
de chambres à gaz, que des artificiers allemands
avaient dynamités le 20 janvier.
Ecoutant les rescapés, les militaires
découvrirent le fonctionnement et la
finalité d'une machinerie conçue pour le
meurtre collectif.
Auschwitz ne fut pas le seul camp d'extermination
nazi. Mais
il fut le plus grand, le plus meurtrier. Et
est aujourd'hui le mieux connu. Contrairement
aux autres camps consacrés à la destruction
humaine (Treblinka, Chelmno, Majdanek, Sobibor, Belzec),
dont il reste peu de témoins. Auschwitz,
parce qu'il fut également camp de concentration et
camp de travail, a laissé plus de survivants. Et
donc plus de souvenirs. Environ
1 million de personnes y furent assassinées, dont
près de 90% de juifs.
Depuis la fin de la guerre, I'importance de cet
événement unique, longtemps
sous-estimé en Occident et falsifié
à l'Est, ne cesse de grandir. L'image,
désormais universelle, de ces rails, venant de
toute l'Europe pour s'interrompre brutalement
derrière le porche de Birkenau, marque à
jamais le xxe siècle.
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Ce sont les travaux d'hiver. Protégés
du froid et de la neige dans l'ancienne buanderie
transformée en atelier, 7 menuisiers s'affairent
autour d'une grande porte de bois noirci, posée
sur des tréteaux. Un
par un, ils enlèvent, soigneusement, tous les
clous. A
chacune des planches, désormais désunies,
ils attachent une petite plaque de fer-blanc sur laquelle
un nombre est gravé. Puis
les déposent, côte à côte, au
fond de la pièce, près de centaines
d'autres éléments -- planches, poutres,
chevilles -- appartenant tous à la baraque B
153. L'une
des 20 dernières baraques en pin encore
présentes sur l'emplacement de l'ancien "camp de
quarantaine".
L'une de ces écuries préfabriquées
de 40 mètres de longueur de la Wehrmacht, qui
furent installées, à partir de 1941,
à Birkenau. A
titre provisoire.
Ils ont démonté la baraque B 153 à
l'automne. Très
lentement. Après
avoir numéroté tous ses panneaux, ses
portes, ses poutres, et l'avoir photographiée sous
tous les angles. Un
classeur contient des centaines de photos. Un
autre, des dizaines de schémas illustrant les
étapes du démontage, qui a
été filmé en vidéo. Enfin,
un troisième consigne, morceau de bois par morceau
de bois les étapes de la restauration: des croquis
indiquent à l'aide de couleurs différentes,
les planches originales conservées et celles qui,
abîmées ou pourries, sont remplacées,
totalement ou partiellement, par du pin neuf. Un
quatrième classeur recevra les clichés
réalisés au moment du remontage, au
printemps. |