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Le Monde

Paris, 13 avril, 2000, p. 5

 


 

 

L'historien David Irving est jugé «négationniste»

 

Pour la Haute Cour de Londres, le spécialiste britannique de la seconde guerre mondiale est «raciste et antisémite»

 

IrvingPatrice Claude

 

Londres, de notre correspondant

C'en est fini de la réputation d'historien de David Irving. Au terme de trente-deux audiences d'une assignation en diffamation d'autant plus retentissante qu'il s'agissait en quelque sorte du premier procès du révisionnisme en Grande-Bretagne, le célèbre expert britannique de la seconde guerre mondiale a été qualifié par un juge de la Haute Cour de Londres de «négationniste, raciste et antisémite».

David Irving, qui paye pour avoir lui-même assigné l'historienne américaine Deborah Lipstadt devant la justice britannique parce que celle-ci l'avait qualifié de «négationniste falsificateur», a été débouté, mardi 11 avril, de sa plainte et condamné aux dépens. Il devra régler 20 millions de francs (3,04 millions d'euros) en frais de justice.

C'est l'histoire d'un «historien militaire sérieux, dira le juge Charles Gray, un homme qui maîtrise remarquablement la documentation historique et dispose d'une connaissance sans parallèle de la seconde guerre mondiale», lumières qui lui permettront, dans les années 1960, d'asseoir une solide réputation parmi ses pairs grâce à des découvertes sans précédent sur les aspects purement militaires de l'ère nazie.

Mais c'est aussi l'histoire d'un auteur à succès qui dérape, qui rédige en 1977 un ouvrage intitulé La Guerre d'Hitler dans lequel il affirme que le Führer n'a jamais ordonné l'anéantissement des juifs, qu'il ne l'a même jamais su -- ou alors très tard -- et que la Shoah, si elle a eu lieu -- ce dont David Irving n'est «pas sûr» --, n'a pu être perpétrée ni à l'échelle de six millions d'hommes -- «un à quatre millions, Tsiganes et homosexuels compris», calcule-t-il --, nu dans les chambres à gaz puisque celles-ci n'ont «pratiquement pas existé» sauf «pour tuer les poux» des déportés.

A partir de là, David Irving, solide sexagénaire, devient la coqueluche de tous les groupes fascisants et antisémites à travers le monde. Il donne des conférences et devient, selon Deborah Lipstadt, «l'un des plus dangereux négationnistes» de la planète. En 1994, dans un livre intitulé Nier l'Holocauste: l'attaque croissante contre la vérité et la mémoire, l'historienne de la Shoah, enseignante à Atlanta, aux Etats-Unis, s'en prend vigoureusement à l'intéressé. Elle met en évidence une bonne vingtaine de falsifications de l'Histoire par Irving. Mardi, le juge Gray a reconnu la justesse de «la plupart» de ces remarques. L'écrivain, note-t-il, «a délibérément et de manière persistante dénaturé et manipulé les preuves historiques» de la Shoah.

 

TROIS CENTS PAGES D'ATTENDUS

L'ouvrage de Mme [en fait Mademoiselle] Lipstadt aura sur la carrière d'Irving un effet dévastateur immédiat. L'année de sa publication, des manifestants violents cernent l'immeuble du «révisionniste londonien» et réclament qu'il soit lui-même "gazé". Bientôt, Irving, qui publie une biographie de Goebbels, ne trouve plus d'éditeur pour ses ouvrages. Il décide alors d'assigner sa «consoeur». La justice britannique, contrairement à son homologue française, ne fait pas du révisionnisme ou du négationnisme un délit. Elle permet le débat. Irving, qui sera lui-même son propre avocat, est sûr de son affaire. Pour le juge Gray, «il ne s'agit pas d'établir ici ce qui s'est passé sous le régime nazi» mais d'établir la bonne ou mauvaise foi de Mme Lipstadt et de son éditeur local, la maison Penguin Books.

«Il est incontestable que David Irving est un négationniste», écrit le magistrat dans ses trois cents pages d'attendus. Le plaignant est également, et «indéniablement; un antisémite». Dans certaines conférences, Irving a accusé les juifs d'avoir provoqué leur propre anéantissement par «leur voracité, leur fausseté». Enfin, l'auteur «est raciste», non qu'il soit «obsédé par la question» mais il a «souvent tenu des propos racistes». Un exemple est fourni par l'intéressé lui-même dans l'un de ses carnets. C'est un «poème» rédigé pour la naissance de sa fille, aujourd'hui âgée de six ans: «Je suis un bébé aryen. Ni juif ni sectaire. je n'épouserai ni un singe ni un rastafarien...» David Irving a trouvé le jugement de mardi «pervers».


April 13, 2000

Website fact: The stamina of the defence team was aided by a six million dollar fund provided by Stephen Spielberg, Edgar J Bronfman, and the American Jewish Committee, which enabled them to pay 21 lawyers and "experts"; the experts like Evans, Longerich were paid up to £109,000 each to testify as they did (while the defence's star legal team was paid considerably more). Nobody was paying for Mr Irving, who has been fighting this battle for three whole years.Nor did he pay his defence witnesses one cent or sous: they testified from conviction, not for reward. [Help!]

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